Dom S-D
Les temps sont durs et Dom SD sait de quoi il parle lui qui a connu, plus que nombre de français sur le site, les riches heures du rock à la française. Vous l’aurez compris, pour une fois ce n’est pas un jeunot qui n’en veut que le site accueille aujourd’hui, mais un historique de l’affiche, un parrain quoi…
Bonjour, évidemment, comme toute interview du CrewK une première question obligatoire, on écoute quoi quand on arrive chez toi ?
Alors là, c’est très variable, en fonction de l’heure ou de l’humeur. Ça peut aller d’Eddie Cochran à David Bowie en passant par Rancid, T Rex, les Clash, les Stooges, les Damned ou Springsteen. Je pense que c’est très éclectique, (même si il y a fort peu de chance que l’on écoute de la techno ou du rap…). J’ai l’âge du rock, j’ai grandi avec lui et c’est cette musique qui m’a ouvert la voie et ne m’a pas quitté depuis, c’est donc la bande son de ma vie.
Tu peux nous en dire un peu plus sur toi, qui es-tu, d’où viens-tu, que fais-tu ? Quand as-tu commencé à crayonner ? As-tu suivi un cursus particulier par la suite ou t’es-tu formé seul à force de dessiner dans les marges ?
Je suis un parisien pur jus. Après avoir joué dans quelques groupes (dont je tairais les noms) il y a fort longtemps et en parallèle à plusieurs jobs alimentaires, je me suis destiné à la photographie. Et après un CAP et une expo (Démence d’Afficher) qui a tourné un peu à Paris et dans la banlieue au milieu des années 80, je me suis orienté vers le graphisme, en retournant à l’école (que j’avais quitté très jeune) pour cela.
Aujourd’hui tu en vis ou tu as une autre activité à côté ?
Je suis graphiste freelance, après avoir été salarié dans la presse magazine pendant plus de dix ans. Donc, j’en vis, mais très difficilement en ce moment.
Collabores-tu à des journaux/ fanzines ou publications régulières ?
Actuellement, non, mais j’ai été directeur artistique de plusieurs magazines. Tout d’abord dans l’univers du jeu vidéo avec Mega Force et Playmag, puis dans la musique avec Compact, Crossroads et Eldorado, le cinéma avec Ciné Live et Brazil.
J’ai collaboré à d’autres mags épisodiquement.
Quelle est ta journée travail type, s’il y en a une...
La première chose que je fais c’est un café, ensuite j’allume mon mac. J’ai la chance de travailler chez moi, donc je n’ai que quelques mètres à faire pour aller à mon bureau. Ensuite, ça dépend de mes travaux en cours, c’est très variable, et c’est cela qui est éclatant, pouvoir passer d’un univers à l’autre. D’une pochette de disque pour un groupe de rock au site internet du Tattoo Art Fest, en passant par une affiche pour un spectacle sur Boris Vian ou la mise en page d’un magazine.
D’où provient ton inspiration ?
Je ne sais pas vraiment, j’essaie de m’inspirer de ce que je ressens du sujet (musique, spectacle, festival). Et de retranscrire tout cela à travers un univers graphique.
Y a-t-il des artistes / graphistes qui ont compté pour toi (en langage rock, quelles sont tes influences) ?
Pour moi le plus grand reste Andy Warhol, mais j’ai aussi une grande admiration pour les Bazookas, Kiki et Loulou Picasso et Olivia Clavel, El Rotringo (Jean-Jacques Tachdjian). Neville Brody est aussi quelqu’un dont j’admire le travail et le talent, mais il y en a plein d’autres, Jaimie Reed (le créateur des visuels des Sex Pistols) mais aussi le collectif Grapus, Alain le Quernec ou Michel Bouvet, et d’autres dont j’ignore parfois le nom, mais dont le travail me touche.
Quelles sont les principales étapes dans ton travail (du croquis au final) ? Tu fais tout à la main ou à l'informatique ?
Je fais pratiquement tout sur mon ordinateur. Je numérise des photos, des objets, des bouts de machins, pour ensuite assembler le tout. J’ai commencé à faire des collages avec des ciseaux et de la colle, je continue avec Photoshop. C’est plus précis et les possibilités sont plus vastes et ça ne salit pas les doigts.
Au final, combien de temps nécessite la réalisation d'une affiche ?
C’est très variable suivant le sujet et l’inspiration. Lorsque je fais une affiche pour un groupe de rock pour lequel j’ai déjà effectué la pochette du Cd, l’affiche est la plupart du temps une déclinaison de l’univers graphique de l’album. Si c’est une affiche pour un événement ou hors promo de disque, je réfléchis et cherche une idée percutante que je propose à mon client. Celle-ci est approuvée ou refusée, dans ce dernier cas, je fais d’autres recherches. C’est souvent le cas avec les pochettes de Cds. Je fais rarement plus d’une proposition à la fois. En partant de pistes que me donne le client, quelques fois, c’est en discutant à bâtons rompus avec lui, l’idée me vient, au détour d’une phrase, je chope un truc et le développe. Mais le plus important, c’est d’être bien imprégné de l’univers du client. Dans le cas d’un album, je demande toujours à écouter la musique au préalable. C’est pour moi, indispensable.
Qui s'occupe de réaliser les sérigraphies ?
On ne peut pas pour moi, parler à proprement dit de sérigraphie. Pour tout ce qui est affiches événementielles (sortie d’album, tour, expositions etc.), je fais appel à divers imprimeurs, pas toujours les mêmes d’ailleurs. Le client (qui est au final, celui qui paye l’impression) a parfois des prestataires avec lesquels il a l’habitude de travailler.
Pour mes travaux persos, je fait appel à une société qui se nomme Hexiprint, qui font des tirages numériques excellents.
Tu as un style très caractéristique, tu ne fais que ce dont tu as envie, ou bien si demain on te demande une huile de chevaux qui courent dans la mer sur fond de soleil couchant, il n'y a pas de problème t'es sur le coup ?
N’étant pas peintre, je serais bien incapable de faire “une huile de chevaux qui courent dans la mer sur fond de soleil couchant”. J’ai un style, on me l’a dit souvent, même si je n’en suis pas toujours conscient. Par contre, je sais m’adapter au désir du client et donneur d’ordre tout en gardant une esthétique graphique qui m’est propre.
Pour quels groupes as-tu déjà travaille ? Pour quels groupes rêverais-tu de travailler ?
Je travaille pour Little Bob, que j’ai vu sur scène pour la première fois en 1975, depuis plusieurs années. Pour différents groupes comme Jesus Volt, Shaggy Dogs , Tony Marlow et bien d’autres. J’ai la chance de travailler pour Marc Zermati, fondateur du label mythique Skydog, j’ai fait pour lui, entre autres, des pochettes d’Iggy Pop, des 54 Nude Honeys (groupe punk japonais) et les affiches de ces expositions “Rock Is My Life” qui ont eu lieu à Paris, Londres, Bourg-en-Bresse et bientôt à Tokyo.
Des groupes avec lesquels je rêverais de travailler, il y en a pleins, ou du moins il y en avait pleins. Je serais extrêmement fier de faire une pochette pour Rancid ou Social Distorsion, pour parler de groupes actuels.
C’est toi qui a choisi les groupes que tu illustres ou est-ce un sujet imposé ?
Pour ce qui est de mon travail de pochettes ou d’affiches, ce sont les groupes qui viennent à moi en ayant vu mes travaux. Par contre, pour mes travaux persos (je prépare une exposition qui s’appellera Rock This Way, dont le thème est les grands noms du rock), c’est moi qui choisi le sujet.
Qu'est-ce qui est le plus difficile dans la réalisation d’une affiche ?
Essayer de combler les attentes du client, tout en gardant une certaine liberté graphique. Ce n’est pas toujours facile, mais j’y arrive la plupart du temps.
Considère-tu que tu fasses partie d’une certaine “scène graphique”, si oui qui d’autre, à tes yeux, la compose ?
Alors là, c’est une colle. Je ne sais pas. Je ne crois pas qu’il existe véritablement une “scène graphique” en 2010. Chacun travaille un peu dans son coin derrière son écran d’ordinateur et est un peu isolé. Mais je peux me tromper.
Un peu d’autopromo, profites en c’est gratuit, où peut-on admirer ton travail, sur le net et dans la vraie vie ?
Sur le net, on peut voir cela sur mon site : http://www.domsd.com/ ou sur mon myspace www.myspace.com/domsd. Dans la vraie vie, je pense qu’en 2011 mon exposition sera prête, mais il me reste à trouver un sponsor ou un généreux mécène.
Le plus beau compliment que tu aies reçu dernièrement ?
Qu’est ce que l’on peut te souhaiter pour la suite ?
De pouvoir continuer à faire ce que j’aime, c’est-à-dire mon travail, ce qui n’est pas évident actuellement car les boulots se font rares et les clients manquent cruellement d’argent pour mener à bien leurs projets. J’ai chopé de plein fouet la crise économique mondiale qui succédait à la crise de l’industrie du disque, toujours en cours actuellement.
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