American Artifact: The Rise of American Rock Poster Art (2010) - Indispensable aux fans de Rock et de Graphisme


American Artifact: The Rise of American Rock Poster Art (2010)

Ovni dans un monde du documentaire qui n'en manque pourtant pas, voilà LE doc indispensable à tout fan de musique et de graphisme, et plus encore à tout fan des 2 associés. Producteur indépendante, Merle Becker s'est avant tout lancée dans une aventure de passionnée. Tout part du bouquin, the art of rock n roll, dont nous avons déja parlé ici. Pratiquement sur un coup de tête, la journaliste plaque tout pour courir les USA à la recherche des protagonistes de cette longue histoire qu'est celle de l'affiche rock. Elle en revient avec un documentaire passionant et ultra complet, présenté avec force bonii dans sa version DVD.


Traversant les USA et les époques, Merle Becker part à la rencontre des artistes derrière ces œuvres d'art pas si éphémères mais certainement sous estimées (quoique si l'on en juge par le prix de certaines d'entre elles sur les sites d'enchères…). Faire ici la liste exhaustive des intervenants de ce documentaire serait long et fastidieux, mais sachez qu'apparaissent pèle mêle, Stanley Mouse, Frank Kozik, Art Chantry, EMEK, COOP, Derek Hess, Mark Arminski, Tara McPherson ((au graphisme si varie), Justin Hampton, Victor Moscoso, Jermaine Rogers (et ses Beatles Zombies), Jay Ryan, Chuck Sperry, Ron Donovan, Lindsey Kuhn, Leia Bell, Jim Pollock, Randy Tuten, Jim Sherraden; Hatch Show Print, Scrojo, Winston Smith, Print Mafia, Paul Imagine, Kevin Bradley, Julie Belcher, Jeff Wood, Steve Walters, Mat Daly, Stainboy, David Singer, Dennis Loren, Mike Martin, Gary Grimshaw, et Chris Shaw. Chacun témoigne de son histoire, de la façon dont il s'est retrouve partie prenante dans cette sous culture à la croisée des chemins du dessin et de la musique.

Avec des techniques d'un autre âge (les alphabets en plomb à encrer à la presse par exemple, mais aussi l'utilisation quasi systématique de la sérigraphie) ce sont de véritables petites œuvres
Evidemment toute l'histoire démarre a San Francisco, et les concerts du Fillmore (de Bill Graham), véritable explosion aussi bien graphique que sociale, comme en témoigne Stanley Mouse, David Singer, Victor Moscoso et quelques autres." If you can't read it, (...) you’re not supposed to go". Quand on pense qu'a cette époque, les posters étaient distribues gratuitement a la fin du show, on se damne d'être nés si tard.

Limiter ces posters aux "Big Five" artistes, que furent Rick Griffins (que tout le monde connaît au moins pour le lettrage du magazine Rolling Stone, mais aussi son travail pour le Grateful Dead ou Jimi Hendrix) Stanley Mouse, Wes Wilson, Victor Moscoso et Alton Kelley, serait oublier que derrière eux, c'est toute une scène qui existait mêlant activistes et graphistes, musiciens et autres figures peut être moins recommandables. C'est évidemment extrêmement émouvant aujourd'hui de revoir une interview de 1989 du Michel Ange du mouvement, comme il est qualifié dans le documentaire, Rick Griffins, aujourd'hui disparu. Si San Francisco restera à jamais la Mecque du mouvement, la scène de Detroit avec les Stooges et le MC5 en tète, superbement illustres par Gary Grimshaw, n'était pas en reste.


Bizarrement, le documentaire passe de la fin des 60s -début des 70s a l'ère Reagan, point de départ du punk rock US. Des posters aux couleurs psychés et flashy, on passa alors aux flyers en noir et blanc, rapidement photocopies. Dead Kennedys, Melvins, Germs, Avengers, pour quelques dollars se mettaient à imprimer des centaines de flyers qui, en ces années pré-internet faisaient en quelque sorte office de Myspace. A la fin des années 80, les flyers disparurent peu à peu des poteaux électriques du paysage américain, et, sous l'impulsion de Art Chantry, du coté de Seattle, commencèrent à ressembler de plus en plus aux publicités d'un catalogue de ventes par correspondance des années 50. Au même moment, Frank Kozik débutait à Austin, Texas, avant d'exploser sur tout le territoire en s'inspirant de l'imagerie cartoon bien connue de tous les américains, mêlant Tex Avey et Walt Disney. Frank Kozik, dont l'affiche pour Soundgarden et Pearl Jam en 1992 deviendra tellement emblématique qu'elle fut choisie pour illustrer la couverture de la bible du poster art: the art of Modern Rock.

De Kozik, on passe logiquement a Coop, sur lequel l'influence du premier est indéniable, puis Mark Arminski, Derek Hess (le seul que l'on aperçoive dessiner "live" dans le documentaire malheureusement, mais au trait si académique et si personnel en même temps).
Evidemment, le sujet ne serait pas complet sans quelques explications techniques, clairement présentées dans un chapitre consacre a la technique du Silkscreen (sérigraphie), dont les 4 étapes principales, sont plus détaillées dans les nombreux bonus du DVD par Jay Ryan, Tara McPherson, Ben Miller et Mat Daly technique finalement si artisanale qu'elle ne pouvait que convenir a cette forme d'art si DIY (Do It Yourself, cher aux punks).

Finalement, l'arrivée d'internet, conjointement aux premiers rassemblements d'artistes, permit au plus grand nombre de découvrir, enfin, l'étendue et la variété des talents de ce courant. Des centaines d'artistes, juste aux USA, faisant parfois un poster par date pour la tournée d'un groupe donne. Comme le note très justement Coop, plutôt qu'une sous culture, le genre n'est qu'un prolongement du pop art...

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